C’est la période des évaluation de fin de séquence ce qui fait qu’en ce moment mes élèves composent.
Ils doivent endosser leur chapeau d’écrivaillon, tailler leur plus belle plume, avoir des idées lumineuses, rédigées avec style, humour et émotion.
Pas moins.
Et c’est un rôle qu’ils endossent avec beaucoup de sérieux et qui leur va comme un gant.
Observons cette classe au travail.
Le sujet a été distribué, environ une trentaine de lignes à rédiger en 4e, un peu moins en 5e, en rapport avec les textes étudiés pendant la séquence.
« Trente lignes ! mais madame vous n’y pensez pas ! » s’indigne T. qui me rendra le double bien tassé.
Top départ.
Et là c’est le tour de France: certains tentent une échappée immédiatement et se lancent à corps perdu dans les mots. D’autres, sont plus longs et mesurent qu’il va s’agir d’une course de fond. Après tout, la prof a dit qu’on avait 1h30. Il y a aussi les suspicieux qui regardent autour d’eux et jaugent de l’avancée des autres.
V. me demande doucement « Madame, « lâcher » ça s’écrit comment ? » Ce mot n’ayant pas grand chose à voir avec le sujet, je demande par curiosité:
« dans quel contexte exactement tu veux utiliser ce verbe ?
-Ma trot’ elle m’a lâché. »
Après lui avoir rappeler que le registre familier était proscrit, il repart.
Quelques minutes plus tard, V. lève le doigt pour que je vienne le voir.
« Et « tordu » Madame, c’est familier ?
-Non, c’est bon ça ».
Le voilà rassuré pour au moins deux minutes.
Je m’approche de J., sa feuille est toujours blanche.
« Qu’est-ce que tu as ?
-Madame, j’ai pas d’idée, y’a pas eu d’événement marquant dans ma vie..
-J’ai précisé que vous pouviez inventer, je ne vais pas aller vérifier l’exactitude de vos informations… »
Son regard s’illumine.
« Rien de paranormal, surnaturel, ou quoi que ce soit dans ce genre là. Il faut que ce soit crédible.
-ahh ok, je change alors ! »
Fais donc ça…
La fin de l’heure approche, quelques sprinteurs ont terminé mais quelques uns ont dû changer la roue et ne voient pas encore la ligne d’arrivée.
« Il vous reste 10 minutes »
Effroi collectif mais les voilà repartis de plus belle. Ils grattent le papier, relisent aussi vite que possible, ferme cette maudite copie double, bouche leur stylo…
c’est terminé.
C »est à moi de travailler maintenant.
Les élèves sont toujours vengés des tortures qu’on leur fait subir même s’ils ne le savent pas.
C’est tellement ça…..
J’aimeJ’aime