Hier avait lieu la deuxième rencontre de notre atelier d’écriture. Cette fois-ci le jeu a été corsé puisque nous avons écrit nos textes sur place dans une limite de temps (20 min) et avec une consigne différente. Nous avions une feuille avec plusieurs phrases, la consigne était d’en choisir une et de l’intégrer à une fiction.
J’ai choisi la phrase « Il faut pourtant achever cette lettre » et je vous livre ma contribution.
Il faut pourtant achever cette lettre. Ce n’est pas simple les ruptures. Et puis, c’est lâche d’écrire. Mais comment dire à quelqu’un qu’on ne l’aime plus ? Il faut être un sacré psychopathe pour oser sans ciller, et sous couvert de courage, briser le cœur de quelqu’un en face.
Notez que j’aurais pu envoyer un SMS et vivre avec mon temps.
Je veux bien être lâche mais pas mufle.
Je ne suis qu’un homme.
Il faut pourtant achever cette lettre.
Reprenons :
« Ma douce,
Je crois que je ne t’aime plus. Ces années ensemble ont compté terriblement mais la torpeur dans laquelle notre couple s’est installé depuis ces derniers mois me les font presque oublier…. »
Ma douce, ma douce… ai-je encore le droit de t’appeler ainsi?
Nous n’avons jamais pris le temps de nous écrire et la première lettre que tu recevras de moi sera celle de la fin.
Je n’ai jamais été romantique et tu me l’as souvent reproché. Je ne suis pas certain que tu apprécies l’ironie de la situation ni que tu remarques que le romantisme est noir en réalité.
C’est moche parfois la vie. Si je repense à nos débuts… nous étions si jeunes alors, nous vivions tout si forts. Un geste, un mot et c’était le trouble, l’effusion, la passion. Nous avons tout traversé ensemble. Nous avons connu des chagrins, essuyés des pertes, créer des petits êtres qui aujourd’hui volent de leur propres ailes, … que reste-t-il de nos amours ?
Reprenons
« Mon amour,
Mets ça sur le compte de la crise de la cinquantaine mais je pars. J’aurais pu changer de voiture, me faire pousser de nouveaux cheveux, prendre une maîtresse pour oublier que je vieillis et que toi fatalement aussi. Pour éviter de devenir un cliché ambulant, je pars. »
N’est-ce pas trop abrupt ? Elle va me détester.
Ah ! Il n’est pas aisé de quitter quelqu’un. En plus je vais passer pour le salaud, nos amis vos choisir son parti, elle sera cajolée et moi raillé. C’est le prix à payer.
On ne quitte que comme on a aimé. Les ruptures douces sont celles des couples sans amour. Mais nous qui nous aimions si fort, qui ne vivions que l’un pour l’autre, il est impossible que cela se passe en douceur. Tu en serais bien incapable. La douceur induit la nuance et tous tes choix n’ont été que folie du moment, impulsion, colère. Tu aimes ou tu déteste. Tu m’as aimé donc…
C’est pour ça que je t’écris. Je ne supporterai pas de subir le négatif de tout ce que tu m’as donné.
Je ne suis qu’un homme.
Il faut pourtant achever cette lettre…