Le jeudi, je ne suis pas « Madaaaammeee ! » mais « Mamaaaaaaan ».
Le jeudi, je suis mère d’élève et j’emmène mon bébé qui n’en est plus un, à l’école.
Je ne peux le faire qu’une fois par semaine alors ce sont des moments que je savoure.
Ma mère ne travaillait pas et de fait, elle venait toujours nous chercher au portail, ma sœur et moi. C’est des souvenirs très clairs et très réconfortants. Je la vois très bien debout, face au portail, c’était la plus belle. Mes copines me le répétaient souvent « elle est trop belle ta mère! » Et j’étais fière comme un pou !
Léon, lui, à l’école, il a deux mamans… Celle du matin et celle du soir.
Celle du matin, a le cheveu défraîchi, les cernes à découvert, les cicatrices d’acné exhibées, le legging de sport un peu passé et le gilet trop grand pour son mètre et demi. Je n’ai même pas l’excuse d’avoir trente six trucs à faire et une famille nombreuse. Moi je n’en ai qu’un ! Rien à voir avec la maman qui a déposé son grand à l’école, puis est descendue avec le 2e jusqu’à la maternelle, le 3e dans la poussette qui hurle parce qu’il a froid. Elles, ce sont de vaillants soldats !
Moi, je vais à la salle de sport après alors…
En plus, nous avons fait le choix de mettre Léon à l’école dans le village de mes parents pour des raisons de garde. Ce qui nous fait un gros quart d’heure de voiture pour y arriver. Quart d’heure qui peut devenir une demi-heure par temps de pluie ou envie pressante de dernière minute du sale gosse qui ne voulait pas y aller les 30 fois où je lui avais demandé s’il devait passer aux toilettes avant que nous partions.
Le portail ouvre à 8h35 et ferme à 8h45. On s’est déjà fait, une fois ou deux, ou dix, des sprints à la Florence Foresti pour franchir le portail à 8h44 en mode « Pousssseeeezzzzz-vouuuussss! » Léon accroché à mon bras, volant derrière moi, cramponné à son sac à dos Simba me criant « Tu vas vite aujourd’hui maman ! ».
Organisation, je crie ton nom !
Elle n’a jamais répondu la garce.
La maman du soir est plus vaillante. Elle a eu le temps de prendre sa douche, de se maquiller pour prendre figure humaine, elle a bu quelques cafés depuis pour avoir l’air énergique. Je me demande si la maîtresse pense qu’il y a deux personnes différentes qui s’occupent de Léon le jeudi.
Le soir je suis devant le portail avec 10 minutes d’avance et quand j’arrive devant sa classe il court dans mes bras. C’est long une journée quand même !
On repart tous les deux en marchant calmement pendant qu’il me fait le récit de sa journée et de son repas. Sa main est dans la mienne.
Je suis fière comme un pou à la sortie de l’école.