Enseignant cherche reconversion

Il est vrai que je passe trop de temps sur les réseaux sociaux mais tout de même depuis quelques mois, le nombre de publications d’enseignants qui expliquent démissionner me semble énorme.

Était-ce un coup de l’algorithme qui ne présente que les actualités susceptibles de m’intéresser?

Je suis donc allée chercher les chiffres.

En 2008, 364 démissions.

En 2019, 1554 démissions.

En 2021, 2300 démissions.

En 2018, France Info est interpellé par le chiffre et commence à interroger les concernés.

Récemment, des projets de livres de témoignages avec des professeurs pourtant chevronnés sont lancés pour expliquer ce phénomène.

Quand le ministère a refusé de donner le nombre de candidats aux concours (CAPES et CRPE), on s’est dit que ça sentait le rance et en effet au moment de la publication des résultats d’admissibilité, les chiffres étaient éloquents.

Et le plus fou, c’est que cela étonne.

Je ne parle même pas des admis à la session de cette année qui vont avoir la réputation d’avoir obtenu un concours au rabais.

La maltraitance dont souffre les enseignants est double. Ils ont le sentiment d’être détestés par la France entière et ils sont broyés par la machine Education Nationale.

Plus encore, la résignation qui a atteint l’ensemble du corps professoral sclérose toutes les revendications. On ne se bat plus jamais pour nous-mêmes.

Il n’y a plus d’heure pour maintenir les options ouvertes ou dédoubler les classes ? ‘Bah c’est pire dans d’autres collèges, ne nous plaignons pas.’

Grève pour la réforme des retraites ? ‘Tu sais avec ou sans notre accord elle va passer, alors on ne va pas perdre une journée de salaire en plus.’

Notre ministre se moque ouvertement de nous. ‘ C’est scandaleux, y’en a marre !’ Et alors qu’est-ce qu’on fait ? ‘Ben…’

Quand je repense à la fin du premier confinement, je ris jaune. J’avais écrit ici mon espoir de nous voir unis avec les parents d’élèves. Il y avait une immense vague de louanges envers la profession. Je me rappelle très bien qu’on me disait que j’étais naïve et que tout cela serait vite oublié.

Je le suis moins avec le temps, c’est vrai.

On ne devrait guère s’étonner des paroles prononcées à notre encontre, quand on peut lire en commentaire d’un article déplorant la mort de plusieurs soldats: « Ils connaissaient les risques en s’engageant, c’est triste mais c’est comme ça. »

Mais enfin, des gens sont morts !

Que sommes-nous devenus ?

C’est à se demander si nous ne sommes pas désormais une espèce amère et aigrie prête à étouffer toute humanité en elle. Envieuse des autres, repliée sur ses propres échecs et incapable de la moindre empathie.

La société est fêlée de par en part comme une vieille assiette de porcelaine. Un rien pourra la briser. On a réussi à faire croire que le problème était l’immigration et non les grandes sociétés qui ne payent pas d’impôts tout en s’enrichissant davantage. Que la réussite était d’avoir une voiture électrique à 70000€. On a même réussi à faire croire que les impôts étaient une aberration et qu’il fallait moins en payer pour pouvoir consommer plus.

Cette scission de la société a pour dommage collatéral de servir la logique libérale pour laquelle nous signons élection après élection.

De fait, à la rentrée il manquera toujours 4000 professeurs. Ils seront recrutés pour un salaire de misère, à un niveau de qualification bas. Les démissions s’accentueront encore (tant pour ceux que l’on va jeter dans le grand bain sans brassard que pour ceux qui subissent le système depuis longtemps) et au fur et à mesure, le fossé s’élargira entre une éducation payante aidée et favorisée par l’Etat chaque année, et une éducation publique.

Je parle de l’enseignement parce que je ne connais que ça. Mais nous se sommes qu’un des pôles.

Nous sommes actuellement en train de descendre la montagne en roller et sans casque.

Quand on pense à la santé, aux employés indispensables qui étaient en première ligne lors de la pandémie, à la précarisation des emplois, à cette start up nation à vomir…

La résignation est là et semble d’un haussement d’épaule nous questionner « c’est foutu, du coup? »

Peut-être bien.

Ou bien…

Je ne peux m’empêcher de me dire, qu’on est des millions et qu’ils sont peu.

Qu’on pourrait créer un monde dans lequel l’argent ne serait pas la valeur qui sacrifierait toutes les autres, où chacun serait libre de vivre, de penser, de s’éduquer comme bon lui semble et d’être respecté et épanoui dans son travail. D’avoir un travail qui a du sens et qui apporte sa pièce à l’édifice collectif. D’aimer les autres et de se réjouir de leur réussite.

Je suis peut-être toujours naïve au fond.

Mais je ne suis pas la seule

Sources:

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/le-nombre-de-demissions-denseignants-a-triple-en-10-ans-c-etait-trop-difficile-psychologiquement_4774265.html

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-veran/blog/080121/personnels-de-l-education-nationale-des-chiffres-qui-interpellent

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/05/12/concours-enseignants-la-chute-du-nombre-de-candidats-notamment-en-mathematiques-et-en-allemand-inquiete-la-profession_6125769_3224.htmln-allemand-inquiete-la-profession_6125769_3224.html

Fleabag

Je suis tombée en amour à nouveau.

Ma nouvelle passion s’appelle Phoebe Waller-Bridge et j’ai dévoré en deux soirées les deux saisons de Fleabag.

A l’heure où j’écris j’ai écumé toutes les interviews disponibles sur Youtube juste pour l’entendre et tout savoir sur elle.

Fleabag ce n’est pas une nouveauté puisque la série s’est terminée en 2019. Mais quel bijou.

Comment vous raconter ?

Le synopsis en gros donne quelque chose comme ça: Fleabag est une femme qui tient un café à Londres et qui a des relations compliquées avec le genre humain.

Dit comme cela, ce n’est pas très vendeur et ça ressemble à 80% de la production de série actuelle qui ne parle pas d’apocalypse.

Pourtant, j’ai été bouleversée et je vais essayer d’expliquer ce qui a tant résonné.

L’intelligence et la finesse d’écriture: les répliques sont tout à tour acides, drôles, tristes, amères et nous font passer par tout le spectre émotionnel possible.

La beauté inhabituelle: réussir à voir le beau ailleurs que dans ce qu’on nous prescrit est précieux. Ici, les physiques sont atypiques. On voit le grain de la peau, les cernes, du ventre, des cuisses, des cheveux qui ne sont pas forcément longs ni lissés. Pardon mais regardez-moi ce nez ! Tous les personnages ont un physique qui a du relief et du mordant. C’est très beau de ne pas être comme tout le monde.

Le rôle joué par le quatrième mur: la façon dont est filmée la série est extrêmement subtile. Fleabag parle au spectateur et cela ajoute une connivence incroyable, pas du tout factice.

Les fins de saison sont sublimes : combien de série se contente de s’arrêter sur un suspense dramatique hypertrophié. Il n’y a que deux saisons et chacune d’elle se suffit à elle seule et se clôt parfaitement.

La longueur: deux saisons de 6 épisodes de 25 min. C’est court mais dense, intense et puissant.

Il y a beaucoup de sujets qui sont abordés comme le féminisme, la famille, le deuil, la perte, l’amour, la sexualité, le tabou, la spiritualité…

C’est d’une grande honnêteté.

« I don’t know what to do with it, with all the love I have for her. I don’t know where to put it. One of the two people I’ve loved the most is now gone and I’m left with all of these emotions and nowhere to put them. »

Une question de style

A l’époque de ma deuxième année de Master, j’étais en entretien avec l’une de mes directrices de recherche qui faisait son retour sur les premières ébauches de mon mémoire :

-Votre style est très journalistique.

A sa lèvre retroussée et son regard perçant, j’ai vite compris que ce n’était pas un compliment et que le dégoût exprimé par sa moue ne venait pas de la gitane sans filtre qui pendait à son doigt.

Elle continuait ainsi:

-ça ne va pas du tout ! Il faut tout reprendre et notamment votre manière de citer les universitaires par leur nom de famille. On n’est pas en Amérique, ici ! Les gens ont un prénom ou à défaut, une initiale!

J’étais ressortie de là perplexe. L’implicite de son discours, c’était que l’université française avait des codes et que sans eux, on ne passait pas. Et je voulais tellement en être que je n’avais pas le temps de m’offusquer. J’allais donc faire tout ce qu’il fallait pour les adopter. J’ai repris mes phrases une à une, toutes mes notes de bas de pages à la lumière des remarques de celle que j’élevais au rang de déesse du savoir.

Mais tout de même cette histoire de style journalistique me trottait dans la tête.

En discutant avec mes deux inséparables de l’époque, l’expression nous avait laissées dubitatives:

-ça écrit pas bien un journaliste ?

-ben je sais pas. Quand même les types qui écrivent pour Le Monde doivent savoir écrire, non?

-Moi, je l’aurais pris comme un compliment. Bizarre…

Et puis l’autre fois, en lisant l’édito de Vanity Fair (ça va ! Je passe déjà deux heures par jour avec Proust en ce moment… je compense), j’ai trouvé le style abominable et le pire c’est qu’on sentait la satisfaction de celui qui écrivait. « Oh Oh formidable, cette tournure. Bien envoyé ! »

Attendez je vais vous en chercher un morceau pour que vous le goûtiez:

« De l’appartement secret où s’était réfugiée la petite martyre d’Amsterdam aux paillettes de cinéma, il y a un grand pas, que notre magazine n’hésite jamais à franchir. »

Arf, cet art de la périphrase hypocoristique ! Pourquoi le seul adjectif qui vient toujours pour qualifier une jeune femme c’est « petite » ? Et le jeu de mot sur le pas franchi par l’audace de Vanity Fair. Au secours: ‘je me brûle et me noie.’ (au moins l’emphase est-elle de Louise Labé)

Alors j’ai repensé à la déesse à la gitane sans filtre avec un grand sourire.

Le style est quelque chose qui se travaille.

Je trouve le mien terrible pourtant. L’usage de la virgule n’est toujours pas maîtrisé, les propositions sont juxtaposées jusqu’à la nausée et je ne parle même pas des tics d’écriture et des 200 mots de vocabulaire qui tournent en boucle.

Néanmoins, à force de pratique, la Juliette de 22 ans a dû gagner en lisibilité.

Il y a quelques temps, en salle des profs, deux copines parlaient des textes du blog:

-T’as remarqué que parfois elle utilise des initiales pour parler des élèves et parfois elle leur donne des noms ?

-Ouais, j’ai une théorie. C’est ceux qu’elle aime particulièrement à qui elle donne un nom complet.

Et même si j’ai éclaté de rire en entendant cette conversation surréaliste, cela a réveillé l’illusion qu’il y avait peut-être un truc.

Illusion vite balayée.

Il y a ceux qui rêvent d’écrire et ceux qui ferait bien de le faire parce que le monde perd à ne pas les lire.

Sur ces souvenirs qui me rappellent avec soulagement que je n’ai plus 20 ans, je vous souhaite une douce soirée.

P.S: j’ai repris les lectures de l’agrégation, je me tâtais à raconter par épisodes cette nouvelle odyssée, ça tente quelqu’un?

Conte d’automne en été

C’était un matin d’octobre. Je me souviens que c’était un vendredi parce que je devais conduire Léon à l’école avant d’aller au collège. Il faisait beau et encore doux ; nous étions dans la course habituelle : je lui criais de se dépêcher et lui, traînait comme d’habitude parce qu’il s’était rendu compte que je ne sais quel jouet réclamait soudain toute son attention.

Au milieu de mes râleries sur notre retard et du portail qu’on nous claquerait bientôt au nez, un message m’a arrêtée.

« Excusez-moi de vous déranger vous devez être en cours mais vous m’aviez passé votre numéro au cas où j’en avais besoin. Il se trouve que je sais pas quoi faire et je savais pas à qui m’adresser. »

Mon numéro ne circule pas parmi les élèves mais à lui,  je l’avais laissé lorsque l’année dernière, en visite pour son stage, il m’avait appris que la situation avec sa mère était intenable et qu’il dormait dans une épave de voiture qui traînait dans le quartier. Je lui avais dit alors : « Je te laisse mon numéro, je compte sur toi pour ne pas le donner. Je te fais confiance mais tu t’en sers en cas de besoin, ok ? »

Je vous ai déjà parlé de cet écorché vif que j’avais rebaptisé Zyad.

Son message a suspendu le temps et mille idées ont traversé mon esprit.

« Maman ! Maman ! On y va ? »

La course devait reprendre : attacher le petit, le conduire à l’école, répondre dans le même temps et prendre la route.

Puis un deuxième message a suivi :

« Ma mère a pété un câble, elle a brûlé toutes mes affaires. Le lycée, j’aime pas, je ne veux plus y aller. »

Je lui ai répondu que je devais emmener Léon à l’école mais que je serai au collège dans une heure s’il voulait m’y retrouver pour discuter.

Zyad a passé son année de troisième « couvé » par quatre adultes : son prof principal, Anna la surveillante, la CPE et moi. Les inquiétudes que mon collègue avait formulées à la fin de l’année résonnent sur le trajet :

« On a constitué un ersatz de famille pour lui… j’ai peur que le lycée ne puisse pas lui apporter toute l’attention dont il a besoin. Comment il va faire sans nous ? »

Et effectivement, il avait du mal à faire sans.

En deux messages, la famille de substitution est contactée et reformée pour l’occasion.

La CPE m’attendait à la grille : « Il est avec Anna, il t’attendait devant le portail, du coup je l’ai fait rentrer. »

On lui a donné le temps qu’on avait ce matin-là et un petit déjeuner car il ne se rappelait plus de son dernier repas.  

Il détestait le bac pro dans lequel il était :

« Madame, vous savez pas comment c’est ! Les profs, c’est pas comme ici. Ils sont pas respectés, ils disent rien et c’est le bazar tout le temps. Même une fois tous les élèves ont accusé le délégué d’avoir déclenché l’alarme et c’était pas vrai. Il a pris des jours d’exclusion. J’ai failli tous leur rentrer dedans. Moi, je veux changer de filière. Être transporteur routier, tranquille dans mon camion, tout seul. »

Malheureusement, on ne rentre pas comme ça en transport routier. C’est soumis à des examens médicaux et à des candidatures anticipées. Et la seconde était pleine en juillet dernier, pas de place de disponible si tant est qu’il puisse y entrer en cours d’année.

« Tu écris toujours ? Dans ton camion tu aurais le temps, tu crois ?

-Non, plus trop… mais j’ai lu les livres que vous m’avez donnés. »

Je lui avais offert mes deux recueils de Cioran dont l’un des titres, De l’inconvénient d’être né, l’avait interpellé.  A cette époque, il n’était pas seul à traverser le désert et on se reconnaissait dans cette plume acide et noire.

La CPE grâce à ses contacts a réussi cependant à le réaffecter en logistique et à lui trouver une chambre en internat. Elle lui a glissé l’idée d’aller en foyer.

« On en a déjà parlé… mais tu sais, c’est mieux que d’être dans la rue. Il va peut-être falloir y songer maintenant»

Il est reparti vers midi, apaisé.

Il m’a écrit quelques jours après pour me dire qu’il espérait que tout irait mieux.

J’ai songé écrire cette histoire quand elle s’est passée parce qu’elle portait en elle une lumière magnifique. Mais je n’y arrivais pas comme si elle était trop belle, trop facile pour être vraie.

Je n’ai plus eu de nouvelles de Zyad jusqu’au bal des troisièmes où Anna me dit :

« Tu as le bonjour de Zyad, il est passé au collège quand tu n’étais pas là.

-Ah ? Comment il va ?

-Ben il traîne dans le quartier toute la journée, il a arrêté le lycée.

-On n’a pas réussi à l’aider alors… ça me déchire le cœur.

-Tu sais, il y avait trop de forces qui allaient contre nous. »

Traîner nuit et jour dans le quartier n’est jamais une bonne nouvelle…

Il y a des messages qu’on écrit et qu’on efface par pudeur, par crainte de ne plus être à sa place, par impuissance aussi.

Il y a des messages qu’on rêve comme des prières, qu’on jette comme des bouteilles à la mer et qui diraient :    

« Tu comptes toujours et je suis là. J’espère que quelque part quelqu’un recueille tes peines, les change en joie et s’occupe de toi comme tu le mérites et comme, malheureusement, je n’ai pas réussi à le faire. »

Faire famille

Le voyageur contemplant une mer de nuage – Friedrich

Un jour, une collègue en salle des profs s’est écriée:

-Mais ce n’est pas parce que je n’ai pas d’enfant que je ne peux pas comprendre ! C’est fou cette vision des choses !

Et de fait, il y a des enseignants sans enfant qui comprennent parfaitement les élèves et certains qui sont parents mais qui ne les comprendront jamais.

Dans notre métier en particulier, la relation avec la parentalité est complexe.

Cela a sans doute à voir avec la transmission et le partage; le nom même de notre ministère entretient une confusion.

Je ne sais pas si le fait de devenir mère a changé ma pratique. Je suis tombée enceinte lors de ma première année en tant que titulaire, j’ai donc été quasiment toujours une maman et une prof.

Mon désir d’enfant est aussi ancien que celui du métier. J’ai toujours su que je voulais l’un et l’autre. Je n’ai pas toujours su que je le serai.

Dans les deux cas, on peut parler de vocation. J’ai une passion pour mon métier et expérimenter la parentalité est une joie infinie. Le doute est partie intégrante de ma vie mais ces deux pôles sont au fondement de qui je suis.

Cela ne veut pas dire que toutes les trajectoires sont aussi linéaires.

La maternité ramène la femme, j’écris ce terme dans l’acception la plus large possible, à une forme d’essence. Cette essentialisation est problématique car elle fait à la fois peser la perpétuation de l’espèce sur elle tout en permettant d’asseoir une domination qui perdure aujourd’hui en divers endroits.

Alors évidemment de nombreuses questions émergent en réaction à cela: ai-je vraiment envie d’être mère? Pourquoi attend-on de moi que je le sois? serai-je à la hauteur ? Si je ne le suis jamais, vais-je le regretter ? Pourrais-je lui éviter les peines et les heurts que j’ai traversés ? Suis-je suffisamment solide ? Pourquoi ai-je si peur? Et si je me retrouve seule, que vais-je faire ? Privilégier mon bonheur et ma liberté, en restant sans enfant, fait-il de moi un être égoïste ? Ne suis-je pas simplement honnête ?

Le désir d’enfant peut être quelque chose de très puissant, au point qu’il absorbe tout sur son passage quand il n’est pas assouvi. Il peut ne jamais se réveiller. Et puis il peut aller et venir, comme le ressac des vagues; parfois avec violence puis disparaître à nouveau pour retrouver le calme.

Si l’on retire tous les filtres de la pression sociale, il ne reste que ce que l’on a au fond du ventre. Sa propre vérité.

Un prof qui vous a marqué parce qu’il vous a respecté dans votre individualité, parce qu’il a su apporter même momentanément un peu de ce qui manque ailleurs et puis qui vous a tout simplement aimé a pu ressembler, à quelque égard, à une figure parentale ou du moins, à sa transposition.

La biologie n’a rien à voir là dedans. La vie se produit en dehors de l’étude du vivant.

Il y a les enfants des autres qu’on aime comme les siens, les enfants qui passent dans nos vies et auxquels on a ouvert un grand cœur, les enfants esseulés que l’on a momentanément soutenus et tous les autres, qui, en vous offrant leur confiance vous font un cadeau merveilleux.

Tata, tatie, oncle, tante, tonton, beau-père et belle-mère, parrain, marraine, famille construite et floue, mono ou homo parentale, conventionnelle, traditionnelle ou alternative et anarchiste… Faire famille c’est tisser un lien qui parfois n’a rien à voir avec les liens du sang et qui parfois en a besoin.

L’amour inconditionnel n’existe au fond que dans ce paradigme: celui de l’adulte bouleversé par l’innocence et la gratuité de l’amour d’un enfant et qui, en échange, fera tout pour lui en dépit de ses propres besoins.

Chacun peut construire ce paradigme à sa manière: choisir de le composer des différentes facettes que l’amour peut offrir. L’infini de l’imagination est la seule limite.

C’est compliqué et parfois on a du mal à trouver une oreille prête à accueillir sa peine et ses doutes mais sache que la porte est ouverte si tu as besoin de parler.