
Cette semaine, nous sommes allés aux Rencontres photographiques d’Arles. C’est la deuxième fois que j’y allais et j’en ressors avec des impressions aussi fortes que la première fois.
S’il y en a qui ne connaissent pas le concept sachez que, depuis plus de 50 ans, la ville d’Arles organise le rendez-vous photographique de l’année. 19 lieux d’expositions disséminés dans le centre élargi de la ville. Vous prenez un « pass journée » et vous pouvez assistez à tout.
Le charme du festival tient autant aux lieux choisis qu’aux expositions: de vieilles bâtisses, des hôtels particuliers, une abbaye, des jardins…
Mon préféré est le parc des ateliers: le parc paysagé sert d’écrin à l’ancienne forge de locomotives. La tour de l’architecte Franck Gehri vient secouer le décor et heurter le regard. Le ton du festival est donné d’emblée.
Cela doit être mon côté prof mais j’ai adoré l’expo des jeunes talents. Des étudiants du monde entier ont concouru sur le thème « Face à Face ». La photo au dessus est l’un des clichés agrandi qui occupait tout un pan de mur. Il a été pris par un élève de Central St Martin. C’est émouvant de voir la place qu’a l’art dans la vie de ces jeunes, leur niveau de réflexion et de conscience du monde qui les entoure.
D’ailleurs, Arles ne fait pas dans la légèreté. Si vous ignoriez que le monde va mal, les expo vont se charger de vous le rappeler. Les pauses sont vitales. Déjà, parce qu’il fait une chaleur de plomb et que l’on peut déterminer le nombre d’expos vues par chaque visiteur à l’odeur, ensuite parce que c’est lourd.
J’appelle ça « l’effet Arles ». A un moment, ça prend au ventre presque comme une indigestion. Il y a beaucoup d’images à intégrer assez horribles pour certaines et il faut aussi comprendre le parti pris de l’artiste et du commissaire de l’expo. L’expo qui retraçait les 160 ans de la Croix Rouge est assez représentative de cela. Le parcours commence par les affiches d’appel au dons de l’organisation puis amènent vers les reportages dans les pays sinistrés. L’expo n’est pas du tout laudative mais elle ne le dit pas explicitement.
Elle vous laisse devant ce genre d’affiche:

C’est passionnant mais c’est une consommation culturelle quelque peu boulimique. Il faut le savoir.
Mention spéciale pour « Les avant-gardes du féminisme des années 1970 ».
Non mais quelle beauté s’il vous plait

et pour le sourire de Georges Perec immortalisé par Babeth Mangolte en 1978 à NY

Bien entendu les têtes brûlées de l’art trouveront de quoi se faire secouer les méninges avec les performances. Il y a toujours un artiste pour filmer une modèle en train de ramper sur une bâche en plastique dans un justaucorps laissant croire qu’elle est nue et prendre en photo la marque laissée sur le plastique. Ils ont quand même obtenu le prix BMW donc j’imagine que c’est moi qui n’ai rien compris.
Ecoutez si ça ne fait pas pleurer, au moins ça fait sourire !