le séminaire académique

DSC_0074_580724.54Il y a quelques semaines je reçois un ordre de mission m’indiquant que le séminaire « devoirs faits » se tiendra le 29 janvier. Comme il ne me serait jamais venu à l’idée de m’inscrire à ça, je vais voir la cheffe adjointe pour lui demander des explications:

-Ah oui, me dit-elle, ce n’est pas un stage c’est un Séminaire Académique. Je vous y ai inscrit et j’y vais aussi d’ailleurs.

Un peu coincée et un peu dégoûtée de passer toute la journée de mercredi en stage alors que je n’avais que deux heures de cours, je me rends au dit séminaire.

Non mais c’est quoi ce truc ?

500 personnes réunis à Sup de Co, pardon Montpellier Business School (profs, CPE, chefs, inspecteurs, DASEN…) pour assister à des conférences. Petits fours et buffet compris.

Je rentre dans le hall bondé en me demandant ce que je fais là au milieu de tout le gratin de rectorat. Tout le monde est venu accompagné de collègues et de son chef. Je suis seule et j’ai cherché ma cheffe toute la journée, sans succès.

Et là, on me saute dessus: d’anciens collègues ! Ouf ! Mon syndrome de l’imposteur commençait à me faire des auréoles sous les bras… On a bien eu le temps de se raconter les derniers potins parce que le bazar qui devait commençait à 8h30 n’a commençait qu’une heure plus tard.

Je me demandais qui était cette dame assise dans un fauteuil sur scène qui faisait semblant de ne pas voir que tout un amphi l’attendait. C’était la conférencière, chercheuse au CNRS de Paris.

Puis annonce: « Mme la rectrice s’excuse, elle a été appelée à Paris. Hier soir. »

Si un de mes élèves m’avait sorti un truc pareil, je peux vous dire qu’il aurait été bien reçu.

Mais bon, l’éducation nationale a déposé le « fais ce que je dis pas ce que je fais », du coup on ne peut rien faire sinon on paye des droits à la SACEM.

Bon, je vais vous passer mes envolées sur les stages. C’était hyper-méga-giga intéressant. J’ai envie de tout tester et de tout refaire comme d’habitude. Ils ont réussi à me faire croire que j’allais penser mes progressions sur devoirs faits. Bref c’était top.

La première conférence s’est quand même terminée sur une question d’une CPE qui demandait:

‘Les dispositifs que vous présentez sont fabuleux et passionnants. On est tous conscients que nos pratiques ont besoin d’évoluer et elles évoluent pour beaucoup. Mais, voyez-vous, je suis CPE d’un établissement de 660 élèves. Je suis toute seule. Et mes collègues, ils ont 30 élèves par classe et on n’arrête pas de leur sucrer des heures et des postes. Certains enfants ne savent ni lire ni écrire en 6e. On ne parle même pas des troubles dys et des TDAH. Est-ce que le système est conscient qu’il nous demande de fonctionner uniquement sur nos ressources propres sans jamais donner les moyens de la réussite ? »

C’était le DASEN qui tenait son micro. J’aimerais croire que lui aussi a eu des auréoles sous les bras. Mais j’en doute.

C’est vrai quoi, on pourrait peut-être arrêter à un moment de croire que ce sont les profs qui cassent des élèves dans un système savamment pensé pour broyer les plus fragiles…

 

 

 

Madame à l’école

« Ahhh ce qu’on se sent bien après un stage ! C’est comme une respiration ! soupire ma collègue Marie après 6 heures de formation sur les neurosciences.

Et c’est vraiment l’effet des stages auxquels on s’inscrit. Ils ne sont pas toujours de qualité égale, certains sont même franchement mauvais. Mais parfois on a la chance de tomber sur des formateurs passionnés et ça change tout.

On y vient un peu sur la pointe des pieds. C’est le mélange curieux de l’excitation de la découverte et de la peur de l’inconnu.

Puis, quand on s’installe un peu, on apprend à connaître ce(ux) qui nous entoure. On regarde, on écoute, on questionne. Tout est nouveau, riche, ça rebondit, ça fait bouger dans ses croyances. On résiste mais on à peur de passer à côté de quelque chose, alors on se laisse aller.

Quand on a beaucoup de chance, c’est le coup de foudre, c’est la passion avec le sujet. On écrit frénétiquement pour ne pas oublier, pour se rappeler, pour garder une trace.

C’est une respiration dans le quotidien, une source de motivation et d’inspiration. On veut tenter, bousculer, on est pris par un sentiment d’ urgence. Alors on veut tout changer, faire de la place pour la nouveauté, l’inscrire dans la durée.

Et avant de le voir venir, c’est fini.

Et on prie pour que ça recommence.

À lundi

Le retour du Jedi

Il y a bien longtemps que je n’avais pas pris le temps de venir raconter mes histoires de collège… Pourtant, ce n’est pas les sujets qui ont manqué entre les conseils de classe, les rencontres parents-profs, les séances avant noël, la reprise, …

Oui, mais attendez, j’ai des excuses. D’abord, la fin du trimestre était très chargée, ensuite j’ai appris que j’étais enceinte, puis j’ai profité des fêtes, j’ai dormi beaucoup… Ok. je ne vaux guère mieux que mes élèves.

A ce sujet, je quitte les murs de mon bahut pour vous raconter ma journée de formation de la semaine dernière.

La reprise a été douce puisque dès mardi j’avais une journée de formation. La perspective de ne pas prendre l’autoroute pour parcourir mes 150 km quotidiens suffisait à me mettre en joie pour la semaine.

C’est tellement bien les journées de formation, on se retrouve avec les collègues, les soldats venus donner les dernières nouvelles du front.

Et puis on redevient des élèves.

En formation, il y a tous les prototypes de la salle de classe. D’abord ça souffle beaucoup. « pfff ça sert à rien ce truc ! »

Il y a les bons élèves, ceux qui gonflent le premier rang, qui prennent des notes, qui participent. Les bavards qui parlent sans arrêt mais entre eux, les trainards qui prennent une pause cigarette plus longue « parce qu’il y avait la queue à la cafet' ».

Sortant d’une année de stage, je connaissais tous les formateurs et je savais avec quel prof j’allais passer la journée et ceux que je devais éviter à tous prix. « Alors les deux-là, c’est mort ! » Quinze ans je vous dis…

On apprend des trucs, pas tellement de la formation elle-même mais des échanges qu’on a. Il suffit de grappiller quelques astuces, techniques, méthodes de la part des collègues et la journée n’est pas perdue.

C’est sympa la formation des fois, ça donne envie de tester de nouvelles choses, on n’est pas obligé de parler. C’est comme retrouver ses copains de colo, tout le monde est éparpillé aux 4 coins de l’académie et puis on se retrouve le temps d’une journée avec pleins de choses à se raconter.

Je ne vous dirai pas quelle élève je suis mais dans ces moments-là je repense à mon moi-adolescente… et je plains un peu mes profs de l’époque.